J15 – Jomson – Pokhara

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Vendredi 15 Avril

Jomson (2740m) – Beni – Pokhara (890m) – Une journée de bus

Une journée de bus qui constitue un voyage en soi, toute une aventure!

Le départ du bus est prévu à 6h45. C’est le bazar dans la rue, plein de personnes attendent les bus. Nous ne savons pas trop quel bus nous devons prendre, il n’y a pas d’indications. Le porteur népalais des françaises nous aide bien en se renseignant auprès des locaux. A 7h15 le bus arrive ; les sacs sont chargés sur le toit. Nous montons dans le bus et nous asseyons là où il reste des places. Quelques instants après, le chauffeur monte dans le bus et fait déplacer tout le monde pour que leur place corresponde au numéro inscrit sur le billet. Une fois tout le monde assis nous partons à vive allure. Au bout de 5 minutes, le bus freine brusquement, il a quasiment tiré droit dans le virage! Le chauffeur manœuvre, avance, recule, on ne comprend pas, il semble y avoir un problème avec la direction. Finalement le chauffeur fait marche arrière, fait demi tour et retourne se garer au parking des bus ; il récupère la roue de secours chargée sur le toit et part sans rien dire à personne. Du coup tout le monde descend du bus et attend assis sur les marches d’un bâtiment. Aucuns parmi les locaux ne s’étonnent de la situation et ne semblent gênés, ils attendent silencieusement. Finalement le chauffeur revient avec un autre bus. Il démonte une roue sur le bus en panne et la charge dans l’autre. Les sacs sont transférés d’un toit à l’autre, c’est reparti. Il est 8h.

Le chauffeur roule à fond sur la piste défoncée, c’est hallucinant, parfois effrayant. On se fait secouer dans tous les sens! Le chauffeur, ou plutôt notre pilote, a l’air de bien maîtriser mais c’est la résistance de la mécanique qui pose question. Nous roulons dans le lit de la rivière, à fond, avant d’arriver dans un village. Là, plusieurs népalais montent à bord avec tout un tas de choses, des sacs, des provisions, des chaises… Il n’y a pas assez de places assises alors ils s’entassent sur la banquette à l’avant. L’un d’eux est assis sur la roue de secours dans le couloir. D’ailleurs cette personne, nous le surnommerons « tonton », est apparemment bien éméchée, Tonton nous fera l’animation tout le trajet, dansant sur la musique diffusée à fort volume.

Nous repartons à fond les ballons, dépassant d’autres bus et même des 4×4! Un vrai pilote je vous dis! La route est impressionnante, en surplomb de la rivière, étroite, chaotique et dont certains morceaux ont glissé dans le ravin. Il y a de la circulation et les croisements sont délicats, les roues sont proches du vide! J’ai essayé de ne pas trop penser aux accidents possibles mais nous avons quand même eu quelques frayeurs par moments.

Plus nous roulons et plus nous descendons, les paysages variant au fur et à mesure que nous parcourons la vallée du Kali Gandaki. De la montagne désertique, nous passons à une forêt de pins, puis aux arbres feuillus, aux fruitiers et aux cultures en terrasse. La vallée se resserre et les paysages redeviennent arides. Nous apercevons les sommets enneigés qui dominent la vallée, bien que ciel soit légèrement brumeux. Vers 11h nous nous arrêtons à Tatopani. Le chauffeur et les Népalais mangent un dhal bhat. Nous n’avons plus de roupies alors nous achetons juste quelques biscuits. Les filles nous offrent des chips. En fait, on s’est un peu lâché sur la fin dans les lodges car nous pensions pouvoir retirer du liquide à Jomson, mais aucun distributeur ne marchait, faute d’électricité. Du coup nous n’avons même pas de quoi payer le bus entre Beni et Pokhara. Heureusement les filles nous proposent gentiment de nous avancer des roupies. Après cette pause nous repartons en passant devant les sources chaudes où des piscines accueillent les nombreux Indiens présents. La vallée est encaissée, la piste est très poussiéreuse, dans le bus tout le monde en est recouvert. Au bout d’une heure, nouvel arrêt. Le chauffeur part uriner, fume une cigarette, se lave les pieds à la fontaine toute proche, lave le pare-brise. On ne comprend pas ce qu’il se passe. Soudain il se met à changer une roue, bien qu’elle n’ait pas l’air crevée. Du coup tout le monde descend du bus, on en profite pour se dégourdir les jambes et se rafraîchir à la fontaine. La roue changée, tout le monde remonte, et là, le bus refuse de démarrer et fait un drôle de bruit. Notre pilote bricole sur la batterie et retente de démarrer. Plusieurs échecs et des bruits bizarres nous font commencer à prendre peur pour la suite du trajet. Le chauffeur réussit finalement à démarrer le moteur et nous repartons vers Beni comme si de rien n’était, à fond.

Nous atteignons Beni vers 15h, après des heures épuisantes de bus tout terrain. Là nous cherchons les bus pour Pokhara ; mauvaise surprise, on nous dit qu’il n’y a plus de bus à cause des vacances. Le porteur des filles cherche un moyen de nous amener à Pokhara: 4×4, taxi, bus… rien. Puis nous apprenons qu’il y en aura peut-être plus tard, car ils sont sur la route actuellement. Deux d’entre nous partent chercher un distributeur d’argent. Tout d’un coup on apprend qu’un bus part immédiatement pour Pokhara. Tout le monde se précipite et prend d’assaut le bus. Nous chargeons les sacs et attendons devant la porte que nos deux amis reviennent. Le chauffeur du bus et son assistant nous pressent et nous disent de monter, le bus commence même à avancer lentement. Nous essayons difficilement de temporiser, heureusement nos amis arrivent et grimpent à bord. Il n’y a plus de places assises alors certains d’entre nous s’assoient dans les escaliers, nous nous retrouvons à deux dans le fond du bus. Mon compagnon d’infortune se fait offrir une place à la banquette du fond, où tout le monde se serre. Un Népalais me propose que l’on se serre à trois sur une banquette de deux. J’accepte, ce n’est pas confortable mais c’est très gentil de leur part et c’est mieux que de rester debout vu la route qui nous attend. Malgré les trois heures de route défoncée, le trajet a été sympathique car j’ai discuté tout le long avec des Népalais. Il était tout un groupe de jeunes, de retour de visite de Jomson, Muktinath et d’un bout du Mustang. Ce sont de futurs officiers du gouvernement, encore en formation. Ils étaient en vacances pour 4 jours, et pour la plupart c’était la première fois qu’ils venaient dans cette région du Népal. C’était très intéressant de discuter avec eux car ils étaient très cultivés, mais mon anglais n’est pas assez bon pour que je sois à l’aise. L’un d’eux m’a même demandé si je connaissais Michel Foucault car c’était l’un de ses auteurs favoris! Il m’a parlé de ses concepts, assez cocasse cette discussion dans un bus au Népal. Nous avons parlé de beaucoup de choses, des différences entre la France et le Népal, du développement du Népal et de ses futurs challenges. Ce fut une rencontre très enrichissante!

Après cette interminable journée de bus, nous arrivons à Pokhara à 19h. Le retour en ville est un choc: circulation inextricable, pollution, rues sales, bruit assourdissant des moteurs, foule étourdissante… Nous cherchons à rejoindre le bord du lac et les lodges. Mais d’abord nous passons au distributeur d’argent pour refaire le plein et ainsi pouvoir rembourser les filles. Après s’être fait accostés par différents rabatteurs de lodges et autres chauffeurs de taxis, nous finissons par tous arriver dans le bon quartier. Pendant que nous discutons avec les filles pour savoir où aller, un français nous interpelle. Il vit là et nous indique où aller pour trouver des lodges calmes et pas chers. Nous en choisissons un au hasard ; après quelques minutes dans la chambre, nous nous apercevons que la salle de bain est vraiment dégoûtante, et pourtant nous ne sommes pas très exigeants! Les filles n’ont pas de salle de bain dans leur chambre, et dans la salle commune l’éclairage ne fonctionne pas. Nous décidons de changer et nous excusons auprès de l’hôtelier pour le dérangement. A deux pas, nous trouvons un lodge correct. Après une bonne douche et une petite pause réparatrice, nous repartons en ville pour aller au restaurant avec les filles. Nous avons à nouveau des roupies alors nous nous faisons plaisir: cocktails, bières et bons plats. La tablée était très sympathique! Après le restaurant nous nous sommes promenés dans les rues en mangeant une glace ; seuls les alentours d’une boite de nuit étaient animés, les autres rues restant calmes. De retour à l’hôtel, nous avons encore un peu discuté avant de nous coucher. Quelle dense journée!