Dimanche 10 Avril
Manang (3540m) – Tilicho base camp (4140m) – 5h de marche
Départ à 7h30, nous sommes calés comme des horloges suisses! Tous les népalais sont déjà au boulot depuis le levé du soleil ; nous les apercevons dans les champs en train de labourer de manière traditionnelle, avec une charrue tractée par des yaks. L’homme dirige la charrue tandis que les femmes suivent et plantent immédiatement des pommes de terre. Des petits tas de fumier sont disposés dans les champs afin d’enrichir cette terre aride. Ici, pas de produits chimiques ni de mécanisation, il faut travailler dur pour cultiver à plus de 3500m d’altitude!
La piste monte tranquillement en suivant la rivière. Un peu plus loin, un chemin nous permet de rejoindre une passerelle afin de traverser le cours d’eau et de rejoindre le flanc de montagne que nous longeons jusqu’au village de Khangsar (3745m). Là encore il n’y a que des maisons traditionnelles en pierres, avec les encadrements des portes et des fenêtres en bois sculpté. Les étables sont intégrés au logement, du coup nous croisons des bêtes dans les ruelles.
La piste venant de Manang continue après Khangsar, nous croisons une pelleteuse et un tracteur avec une remorque en train de réaliser des travaux d’élargissement. Tous les villages de la vallée ont déjà l’électricité (grâce à des micro centrales hydroélectriques) et internet, ils seront bientôt tous accessibles en 4×4 ; le modernisme s’installe petit à petit dans ces vallées reculées.
Une courte montée nous amène à Shree Kharka (4040m) où nous nous arrêtons manger une thukpa (soupe aux nouilles tibétaine). Je goûte enfin au seabuckthorn juice, un jus local fait avec des baies d’argousier. C’est très bon et ce fruit contient de nombreuses vitamines, difficiles à trouver autrement à cette altitude.
Restaurés, nous repartons sur le chemin en balcon avant d’arriver dans une grande zone d’éboulis où le sentier se faufile entre les cheminées et traverse d’énormes pierriers. C’est très impressionnant, la pente est très abrupte et le chemin étroit et instable. En cas de chute, il y a peu de chances de s’arrêter avant la rivière en contrebas. Les chevaux qui ravitaillent les deux lodges du camp de base passent par là, mieux vaut qu’ils ne soient pas peureux! Après ce passage un peu effrayant (je n’aimerai pas passer là sous la pluie ou la neige) nous arrivons dans la vallée formée par un énorme glacier dont la moraine est gigantesque. Plusieurs sommets de plus de 7000m nous domine, la vue est impressionnante. Une dernière traversée d’éboulis et nous arrivons au Tilicho base camp où nous prenons une bière pour récompense. Il y a du wifi au lodge, c’est assez improbable à 4140m, dans cette zone complètement isolée! Nous en profitons pour donner des nouvelles à nos familles et amis. Puis nous discutons avec d’autres randonneurs autour d’un thé ; nous retrouvons des visages connus lors des précédentes étapes. Le repas du soir nous sustentera tout juste, les portions étant un peu plus petites que d’habitude. Un des symptômes du mal d’altitude est la perte d’appétit, nous n’avons pas ce soucis, au contraire on mange comme des ogres!
Avec la fatigue et le froid nous nous couchons encore plus tôt que d’habitude, demain il nous faudra nous lever tôt.