J6- camp Poincenot – Piedra del Fraile en boucle

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Mardi 8 décembre 2015

Il a fait plus froid cette nuit, entre 5 et 6°C dans la tente.

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DSC_2085_DxOLevé à 8h (on dort bien dans le froid ^^), départ à 9h15 pour Piedra del Fraile ; je laisse la tente plantée et je pars avec un sac léger. Itinéraire identique à celui parcouru la veille jusqu’au Mirrador Piedras Blancas, puis je continue à descendre jusqu’à El Pilar. Le chemin est sympa, serpentant à travers la forêt jusqu’à atteindre le niveau du Río Blanco. Je croise un monde fou, des groupes et des familles (El Pilar est accessible en voiture). Au bord du Río je vois une prise d’eau et un peu plus loin une microcentrale qui doit alimenter en électricité l’auberge de El Pilar ; assez discret en tout cas, pas de lignes électriques aériennes.

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DSC_2097_DxOLa suite du parcours est moins agréable… marche sur la piste avec un vent de face assez fort, heureusement il n’y a quasiment pas de circulation. Arrivé au Puente Eléctrico je bifurque à gauche pour remonter la vallée du Río Eléctrico et atteindre Piedra del Fraile. Je suis hors du parc et dans une propriété privée ; ça se voit le chemin est large car utilisé par des quads qui ravitaillent le refuge/camping/restaurant. La piste serpente dans tous les sens, avec le vent et la marche dans de petits gravillons j’ai l’impression de ne pas avancer. En plus le fond de vallée est complètement bouché par les nuages, il pleut là-bas, je me demande bien où je vais! Après un passage abrité dans les arbres, j’arrive sous un vent puissant au camping où je voulais aller la veille. J’aurai vraiment eu du mal si je l’avais fait avec le sac chargé! Je suis assez déçu par cette vallée, sûrement parce que je ne vois pas le glacier ni le lac ni les sommets. Il m’aura fallu deux heures depuis la piste pour arriver là en parcourant un chemin sans vue et à l’arrivée, pas mieux. Déçu, je mange au bord de la rivière, abrité du vent derrière un bosquet. Le retour promet d’être long!

A mi-chemin, je vois un panneau que je n’avais pas remarqué à l’aller et qui indique « Poincenot ». Cool, un autre itinéraire de retour! Et là bingo, exactement le chemin que je voulais, plus court, plus logique et plus joli ; il revient dans la vallée remontant au camp en longeant la rive gauche du Río, à flanc de montagne. Je n’y croiserai pas un chat, d’ailleurs le chemin est beaucoup moins marqué et à certains endroits il est possible de confondre le vrai chemin avec des chemins de vaches, qui pâturent librement dans les bois. Au lieu du beau portail indiquant la limite du parc, ici c’est juste une clôture sous laquelle il faut se glisser. Je finis par arriver au bord du Río où je me demande comment je vais traverser, vu qu’il n’y a aucun pont nul part dans cette partie de vallée. Le chemin devient vraiment vague, il faut le deviner et chercher les quelques cairns qui indiquent le parcours ; ce chemin n’est pas recommandé pour tout le monde, il faut avoir l’habitude de chercher son cheminement et il y a quelques passages un peu aérien, en équilibre au dessus du torrent. Je finis par arriver à la confluence du Río Blanco et du Río venant du Lago Piedras Blancas. Les cairns me font remonter en direction du glacier ; je me demande vraiment comment je vais traverser, il y a beaucoup de courant! Plus haut je vois des cairns sur la rive droite et quelques mètres plus loin de gros blocs rocheux entravent le torrent: c’est le passage pour traverser! Je ne suis plus qu’à quelques dizaines de mètres du lac, je décide d’aller jusqu’à son bord. Là, il faut sauter de bloc en bloc, escalader les rochers sur 2-3 pas pour traverser cette immense moraine. Je suis absolument seul dans les parages et le film « 127 heures » me revient à l’esprit ; je redouble de prudence en franchissant les blocs, pas envie que l’un deux bascule et me coince le bras ou la jambe! J’arrive ensuite au bord du lac où quelques glaçons se promènent, le glacier est impressionnant d’aussi près et sous cet angle!

Ensuite il me faut trouver le chemin qui ramène au camp ; bien qu’il soit indiqué sur la carte, je ne l’ai pas trouvé la veille. Après 10min en « naviguant à vue », je retrouve des cairns, puis le sentier. Celui-ci remonte en rive gauche, il n’est pas très marqué et ne doit pas être très fréquenté. Je finis par arriver à l’intersection avec le chemin menant au Lago de Los Tres ; rien d’indiqué, pas étonnant que je ne l’avais pas trouvé (les deux français non plus d’ailleurs).

De retour à la tente, bien fatigué par cette longue journée de marche, je me trouve un coin isolé et éloigné de la rivière pour faire un brin de toilette, y en avait besoin!

Me voilà de nouveau assis tranquillement au soleil avec vue sur le Fitz Roy pour écrire ces mots. Je suis amoureux de ce coin!

Je n’ai pas fait de rencontre entre hier et aujourd’hui, le camp n’était pas très rempli, à part un groupe de français – pas spécialement envie de parler à des compatriotes encore! Et j’avoue que j’avais plutôt envie de rester seul, à profiter du paysage. C’est tellement beau, ça me détend et me vide la tête de toute pensée. Je n’avais encore jamais réussi à me déconnecter autant et à être simplement contemplatif. Ça fait du bien!

Allez, c’est l’heure de la traditionnelle soupe, et ce soir, lentilles.